dimanche 24 avril 2011

Une morale fractale ?

La morale occidentale est essentiellement basée sur le rapport au bien et au mal qui débouche directement sur la culpabilité. Il appartient alors à l’être humain de choisir le bien et non le mal. Le libre arbitre qui lui est offert vient avec la responsabilité de faire le bon choix. Dans le cas contraire, s’il fait le mauvais choix, s’il est coupable, il est jugé par Dieu ou ses représentants, éventuellement condamné et privé de liberté si il est reconnu coupable.

La morale occidentale est absolue et ne se soucie pas de l‘opinion des autres. Si tu sais que tu fais le bien, ne te soucie pas du qu’en dira-t-on… A son extrême négatif, la morale occidentale fait le lit de l’égoïsme et de l’individualisme.

A l’inverse la morale asiatique est basée sur la face : ce que pensent les autres de mes actions. En effet, le bien est le mal, sont très relatifs, complémentaires, se génèrent l’un l’autre et se complètent en harmonie. Aussi, je sais ce qu‘il est approprié de faire en observant et en respectant les règles que s’est donné mon groupe. Ce que je fais doit être acceptable pour mon groupe. Si cela n’est pas acceptable, je perds alors la face. Dans une situation de perte grave de face, je ne suis pas privé de liberté, au contraire, on me redonne ma liberté et je suis banni, exclu du groupe. A son extrême négatif, la morale asiatique, surtout confucéenne, fait le lit à l’écrasement de l’individu par le groupe.

Aujourd’hui la vision occidentale duelle du bien et du mal a atteint ses limites dans un monde devenu complexe et en changement rapide et permanent. De même la priorité absolue donnée à la face et au groupe en Asie a atteint ses limites dans un monde à la fois globalisé et à la recherche d’universel. Le groupe collectif humain pour réussir, ou simplement survivre dans un mode complexe et chaotique a un besoin absolu que chaque individu puisse faire totalement s’épanouir son altérité. Dans un mode chaotique, la diversité n’est plus un choix, c’est une question de survie. De même, dans un mode chaotique, l’unité n’est plus un choix, c’est une nécessité de survie. L’unité et la diversité doivent se compléter en harmonie.
Le collectif et l’individu, le permanent et l’impermanent, s’articulent alors, se complètent dans une sublime et poétique image fractale.

La question n’est plus culpabilité ou non culpabilité vis à vis d’une loi supposée universelle. La question n’est plus face ou perte de face vis-à-vis du groupe. La question devient alors une affaire de conscience. Mes choix de vie, mes actes quotidien sont-ils de simples automatismes fruits d’un conditionnement, suivent-ils une loi prétendument universelle ou les règles de mon groupe ? Ou sont-ils fait « en conscience » et donc parfaitement adapté à mes valeurs, celles de mon groupe et à la complexité de l’instant ? Cette « conscience » et le besoin d’agir « en conscience » se retrouve à la base de toutes les grandes religions ou philosophies. Seuls les hommes et le temps les ont remplacés par des versions simplifiées telles que culpabilité ou face. Il est maintenant indispensable de revenir à la racine et de l’adapter à la complexité de notre monde en pleine métamorphose.

Dans ce monde métamorphosé, l’individu, le « je », dans son altérité libérée, dans ses identités multiples devient un membre indispensable du collectif, du « nous » qui émerge alors non plus seulement au niveau d’une famille, d’un groupe ou d’une nation mais au niveau d’une espèce humaine à la fois diverse et unique.