dimanche 27 mai 2007

La rencontre de l’Asie et de l’Occident dans la fractalisation de l’écriture ?

Les différentes formes d’écritures expliquent une part importante de nos modes de pensée. Ainsi, prenons les écritures occidentale (alphabet latin) et chinoise :

Ecriture occidentale :
  • elle est conceptuelle et logique
  • ce qui est important, c’est le symbole formé par les lettres
  • s’il y a une faute ou une erreur de frappe, cela ne change pas le sens
  • le sens du mot varie peu selon le contexte
  • la lecture se fait de gauche à droite, ce qui favorise l’utilisation du cerveau gauche
La pensée occidentale est, comme l’écriture, conceptuelle, logique, et peu sensible au détail.

Essayez de lire le texte ci-dessous :

L'odrre des ltteers dnas un mtos n'a pas d'ipmrotncae, la suele coshe qui cmotpe est que la pmeirère et la drenèire soenit à la bnnoe pclae. Le rsete peut êrte dnas un dsérorde ttoal et vuos puoevz tujoruos lrie snas porbèlme. C'est prace que vorte creaveu ne lit pas chuaqe ltetre elle-mmêe, mias le mot cmome un tuot.

Malgré les erreurs, la plupart des gens saisissent parfaitement le sens du texte !

Un autre exemple ? Que lisez-vous dans le triangle ci-dessous ?


Avez-vous bien lu ? Etes-vous sûr ? Pour vérifier, aller voir en bas de cet article. (1)

Ecriture chinoise :
  • elle est contextuelle
  • elle est basée sur la réalité imagée, pas sur un symbole
  • le détail est important. Une erreur dans le signe peut le rendre illisible ou en changer le sens.
  • le contexte est essentiel. Le même idéogramme va changer complètement de sens selon les idéogrammes qui l’entourent
  • la lecture se fait de droite à gauche, ce qui favorise l’utilisation du cerveau droit
Exemple : du cheval à son idéogramme :


La pensée chinoise, comme l’écriture, est contextuelle et très sensible au détail.


Ces deux types d’écriture, liés à deux types de pensées, peuvent-ils se rejoindre ? Va-t-on voir apparaitre des formes d’écritures qui se fractalisent avec des aspects visuels dans des écritures conceptuelles tel l’alphabet latin ? Et inversement des aspects conceptuels et logiques dans des alphabets typiquement visuels et contextuels tel le chinois ?

Cela va-t-il contribuer à former une nouvelle forme de pensée fractale (voir article du 31 janvier 2007) ? (2)

En fait, ces phénomènes ont déjà commencé à se produire !

Le Japon possède ainsi aujourd’hui plusieurs types d’alphabets, l’un proche des idéogrammes chinois avec les influences sur la pensée décrite ci-dessus. Les autres alphabets japonais sont phonétique donc plus conceptuels et se rapprochent des modes de pensée occidentaux (est-ce l’une des raisons de la place particulière du Japon en Asie et dans le monde ?)

L’exemple du coréen est également intéressant. Tout d’abord, c’est un des derniers alphabet qui est été inventé. On peu le qualifier de récent à l’échelle de l’histoire et il s’agit en fait peut être d’un précurseur. Si le coréen est typiquement phonétique, donc conceptuel et logique, il reprend néanmoins un aspect très visuel. Un touriste non initié pourra croire devant un panneau en coréen qu’il s’agit de chinois !

L’écriture occidentale évolue elle aussi vers des aspects plus visuels et contextuels :
  • apparition des smileys dans les mails, les sms, la messagerie instantanée, etc.
  • écriture des sms contextuelle sur certains téléphones avec les logiciels d’écriture intuitive.
  • impossibilité de comprendre certain sms hors du contexte ! C ta mer k lé kdo !
Nous pouvons ainsi observer qu’une nouvelle forme d’écriture fractale, à la fois visuelle-contextuelle et logique-conceptuelle est en train d’émerger. A nous de savoir la repérer et surtout de savoir l’utiliser pour enrichir notre communication. C’est aussi de cette façon que nous ferons émerger une nouvelle forme de pensée… et une nouvelle forme de conscience fractale !


(1) Dans le triangle, il est écrit : « Paris au mois DE DE mai » Il y a deux fois le mot DE. L’aviez-vous remarqué ? L’écriture occidentale ne favorise pas la sensibilité au détail et seul 15 % environ des français remarquent le deuxième DE…

(2) Korzybski explique ainsi combien nous sommes prisonniers de notre structure de langage Greco-Romain et Aristotélien. Par exemple, la racine du mot réalité est "res", la chose, l'objet statique et solide, alors qu’en russe la racine est "mouvement". Ceux qui parlent de réalité en russe ont donc une notion bien plus proche de la physique moderne et de l'approche fractale.