jeudi 27 décembre 2007

Notes de voyages dans un monde fractal – Episode IV

Il m’est toujours étonnant d’observer Tokyo, ou les autres grandes villes japonaises, paroxysme d’urbanisation où l’homme s’est complètement éloigné de la nature. Le Japon est pourtant un pays où tout dans la culture ramène à la nature. Je recherchais donc comment les Japonais, au-delà des quelques parcs présents à Tokyo auraient conservé quelques restes fractals de nature. C’est finalement dans une (petite) assiette que j’ai trouvé un vrai jardin Zen ! Cela au cours d’un dîner inoubliable.

Ainsi, le dîner au restaurant Tapas Molecular Bar (7 places, 2 mois pour réserver…) m’a permis de trouver un coin de futur lié au passé. Et aussi un coin de tradition entouré d’un design futuriste avec vue imprenable sur Tokyo… Le fractal peut donc être aussi dans votre assiette ! Le Chef est américain (d’origine japonaise ?) et est très inspiré de la cuisine moléculaire d’El Bulli en Espagne ou du Fat Duck en Angleterre. Le dîner est une véritable fête des sens…

Le pays où le bouddhisme a trouvé sa forme la plus épurée, le Zen, est aussi le pays du luxe absolu. Cartier y réalise 30% de son chiffre d’affaire mondial et, statistiquement une japonaise sur deux possède un sac Louis Vuitton. Dans certains quartiers, il est plus facile de trouver un magasin Chanel au coin de la rue qu'un magasin de nourriture !

Même si, pour une touche fractale, on retrouve toujours de nombreuses japonaises en kimono traditionnel parmi les dernières tenues Prada ou Chanel…

Dans la suite de mes réflexions sur les flagship stores, Tokyo est LA ville des flagship stores où toutes les marques rivalisent de grandiose. C’est à qui aura le plus grand architecte et l’immeuble musée le plus original. On retrouve ainsi les réalisations des plus grands designers et architectes contemporains dans une société si respectueuse des traditions…


Mais le magasin le plus émergent n’est pas celui d’une grande marque de luxe mais le magasin UT, nouveau fleuron de la chaîne Uniqlo (le H&M japonais) à Harajuku . C’est à la fois le summum du design simple, uniquement blanc et miroirs, et le lieu du choix quasi infini. Il ne vend que des T-shirts… mais des centaines de modèles qui font l'objet d'un concours international pour chaque collection. Ils sont vendus (environ 10 EUR) dans des containers en plastique transparent et mis en rayon comme des boites de conserves.


Les Japonais sont toujours à la recherche de la dernière tendance. J’ai ainsi rencontré le créateur Français du concept Not so Big (« Kid stuff for adults ! ») dans le magasin ouvert avec ses partenaires Japonais dans Tokyo Midtown, le dernier ensemble gigantesque de résidences et de magasins de Tokyo, dans la même ligne que Roppogui Hills construit il y a quelques années. Les Japonais ont-ils été sensible à l’idée du coté enfant chez les adultes ou bien au côté adulte des enfants ?

La visite de quelques musées me rappelle à quel point l’art est l’essence d’une époque, d’une culture… et réciproquement. Ainsi, l’enchaînement en quelques jours des galeries et de musées à Séoul, Shanghai et Tokyo est assez saisissant. J’ai particulièrement été impressionné par l’exposition Crossroad au Mori Museum qui présente les dernières création d’artiste contemporains japonais et l’exposition Water (sur le thème de l'eau...) dans le superbe musée 21-21 Design Sight, fruit de l'association entre l'architecte Tadao Ando et le couturier Issey Miyake.

Mais l’évènement dont tout le monde parle à Tokyo, c’est la sortie du premier Guide Michelin local qui proclame Tokyo capitale gastronomique mondiale avec ses 191 étoiles (97 à Paris et 54 New York). 90 000 exemplaires épuisée en 48 heures pour un classement qui déchaîne passions et polémiques. Un guide gastronomique français qui réussi à Tokyo ? Dans la même catégorie, alors que j’avais dîné dans un japonais super branché pour les New-yorkais à New York, Bond Street, j’ai déjeuné chez Dean & Deluca (de New York) à Tokyo, super branché pour les Japonais !

Et comme à Shanghai, j’ai vu de plus en plus de de mendiants, organisés le soir en véritables villes souterraines comme à la gare de Shinjuku…

En résumé :

  • Bouddha s'habille en Prada !
  • Les lieux branchés de New York sont Japonais et les lieux branchés de Tokyo sont Américains ou européens
  • Il y a plus d’étoiles Michelin à Tokyo qu’à Paris
  • Les adultes achètent de objets d’enfants pour eux, et des objets d’adultes pour leurs enfants
  • Le jardin Zen se trouve dans son assiette…

samedi 15 décembre 2007

Notes de voyages dans un monde fractal – Episode III

La Mercedes SLR (la plus chère des Mercedes…) couleur argent (!) sur le Bund à Shanghai, juste en dessous du bar à la mode, le Bar Rouge (!) entourée de mendiants… Mao réveille toi, le rouge était donc la couleur de l'argent… ou plutôt le monde est décidément bien fractal, surtout en Chine !

Ainsi, ceux qui cherchent à décider si la Chine est encore un pays communiste ou le temple de l’ultralibéralisme ne sont pas au bout de leur peine. Je crois que seule une vision capable de s’éloigner de la dualité, fractale, peut permettre une amorce de compréhension des événements et du système politique et économique qui transforme actuellement la Chine. La Chine est bien communiste. Mais elle est aussi capitaliste (c’est d’ailleurs officiel : c’est l’économie socialiste de marché).

Tout est non-dualité en Chine. Ainsi, autre exemple, la Chine est à la fois le lieu de toutes les catastrophes écologiques… et c’est aussi le lieu de certaines des plus grandes avancées en matières d’environnement !

J’ai aussi renoué lors de la visite du MOCA de Shanghai (musée privé d’art moderne) avec une observation, et une émotion, très présentes depuis mes premiers séjours en Chine lorsque je suis confronté à cet inimitable mélange de grandiose, de clinquant… et de décati. Le parfait exemple pour moi, ce sont les moquettes chinoises ou les rideaux déjà vieux et délavés même quand ils sont neufs (et ils sont rarement neufs)… Une accélération trop rapide des choses pour aboutir à une vision fractale du vieux dans la neuf, ou du neuf dans le vieux ?

La visite du MOCA et l’exposition d’oeuvres ode à la marque Adidas (qui sponsorise l’exposition) montre aussi un autre paroxysme de notre époque. Ce ne sont plus les riches familles ou les gouvernants qui se font tirer le portrait par les artistes les plus en vue, comme aux siècles derniers. Ce sont les marques !

De même que ce ne sont plus les riches de ce monde qui ouvrent leur musée (Pinault n’est qu’un survivant sûrement génial de l’époque Agriculture élevage). Non, ce sont les marques qui ouvrent des musées (Samsung et Hermès à Séoul par exemple, voir article précédent). Et ce sont surtout les marques qui deviennent des musées elles-mêmes (les Apple Stores). On ne fait plus la queue pour voir les Beatles, mais pour acheter son I-phone un jour avant tout le monde ! On ne parcourt plus le monde à la recherche de quelques épices rares, mais on négocie l’exclusivité pendant un jour ou 6 mois d’un produit d’une marque musée !

Je reste également fasciné par ces restaurants dit fusion, comme T8 à Shanghai par exemple. La nourriture ne l'y est pas toujours tant que cela mais la fusion est certainement dans les gens qui fréquentent ces lieux. Ce sont d’ailleurs bien les maîtres de ce nouveau monde fractal. Un mélange des maîtres du pouvoir de l'industrie-commerce à son apogée et des nouveaux maîtres de l’ère création-communication. Peut-il naître quelque chose de ces rencontres ? Se voient-ils ? Ont-ils conscience d'être ce qu'ils sont ?

Dans le même registre, la visite de deux nouveaux clubs fut aussi fort instructive. Le Volar est dessiné par Philippe Starck. Et le MAO s’annonce comme le premier club soucieux de développement durable avec l’utilisation de matériaux de récupération et la possibilité de boire des boissons naturelles. Je n’ai pas ressenti le bon et le vrai de l’affaire au milieu de la fumée de cigarette mais le concept est intéressant…

Autre époque, il y a onze ans, j’ai embauché à Pékin pour la société qui m’employait un jeune chinois. Il devait gagner environ 200 ou 300 Euros, ce qui était un salaire conséquent à l’époque. J’ai déjeuné avec lui et son épouse à Shanghai. Responsable pour la Chine dans un Groupe international, il gagne aujourd’hui plusieurs milliers d’Euros. Il possède une voiture (si quand je l’ai rencontré il y a 15 ans, je lui avait dit « un jour tu auras une voiture », il m’aurait certainement pris pour un fou). Il possède un appartement de 240 m2 avec jardin, il a passé ces dernières vacances au Cambodge et son épouse trouve « très cool » de venir à Paris pour les soldes… Le plus impressionnant étant de voir les 2 « ouvriers du peuple » que je connaissais il y a 15 ans habillés aujourd’hui, avec une grande élégance, en jet-setteurs internationaux …

Bien sûr, tous les chinois ne gagnent pas plusieurs milliers d’Euros par mois et ne font pas les soldes à Paris ! Mais combien de Chinois gagnaient 1 EUR par mois il y a 15 ans et en gagnent 20 aujourd’hui ? Combien en gagnaient 10 et en gagnent aujourd’hui 200 ?

Chaque séjour à Shanghai, à Pékin ou dans beaucoup d’autres villes chinoises (160 villes de plus de 1 million d’habitants en Chine) sont là pour le rappeler : le monde dans lequel vit un Chinois adulte aujourd’hui n’existait pas lorsqu’il était adolescent !

La visite du musée d’urbanisme de la ville de Shanghai qui présente le plan de développement de la ville pour les prochaines années (en grande partie déjà réalisé) est là pour le rappeler avec ses maquettes vertigineuses.
Et pour finir, une bonne nouvelle : je lis dans le Shanghai Daily que Aston Martin vient enfin d’ouvrir une concession à Shanghai. Ils prévoient de vendre 150 voitures en 2008 (entre 200 et 300 000 Euros). Soit presque autant que Ferrari (160 véhicules, + 33% par an) et bien moins que Porsche (20 concessions en Chine, 4000 véhicules en 2008).

Dans le même registre et dans la China Economic Review, la Chine est devenu le deuxième pays après les Etats-Unis pour le nombre de milliardaires. Le Chinois le plus riche est une chinoise de 26 ans (17,5 milliards USD). Un peu plus et on découvrait que Paris Hilton était la fille cachée de Mao…

Et pour quelques touches fractales, je dois aussi indiquer que dans le même temps, je n’ai jamais vu autant de mendiants en Chine que pendant ce séjour à Shanghai… Ou que mon blog n’est pas accessible depuis une connexion Internet en Chine (c’est sûrement me faire beaucoup d’honneur que de le censurer mais j’imagine qu’il contient quelques mots clés qui l’excluent automatiquement).

La Chine est-elle le paroxysme de notre monde matériel et de la société de consommation ? Ou bien au travers du chocs chaotiques des monde ruraux, industriel (l’usine du monde) et création–communication (MAO, le premier club soucieux de développement durable), l’annonce d’un nouvelle organisation sociale, l’émergence d’une nouvelle conscience ? Il faudra sûrement encore quelques centaines ou milliers de séjours pour y répondre…

En tout cas, la Chine est une preuve de tous les instants de l’incroyable accélération du temps et des évènements que nous vivons. Elle en est même parfois le paroxysme fascinant… ou effrayant.

mercredi 12 décembre 2007

Notes de voyages dans un monde fractal – Episode II

Avec Séoul, l’objectif était ambitieux : approfondir ce que mes derniers séjours m’avaient laissé entr’apercevoir, une frémissante émergence de quelque chose au-delà du Séoul habituel, la ville usine dans un pays usine.

En priorité sur la liste, la visite du Leeum Samsumg Museum. J’ai été enchanté et très inspiré par ce lieu.

3 bâtiments qui communiquent. Le premier dessiné par l’architecte Mario Botta, le second par Jean Nouvel et le dernier par Rem Koolhaas. Le premier musée expose des pièces anciennes de l’art coréen. La mise en scène est tellement géniale qu’ils exposeraient de la vaisselle Ikéa, cela sera sûrement aussi génial. Le parcours (du 4ème étage au rez de chaussée) est un véritable parcours initiatique à l’art coréen et à l’art Bouddhiste.

Le deuxième musée est tout aussi génial. Moi qui ne suis pas un grand fan de Jean Nouvel, j’ai beaucoup admiré le lieu qui est en parfait accord avec les oeuvres qui suivent là encore un parcours initiatique, d’abord avec les artistes contemporains Coréens puis internationaux, pour finir avec ce qui se fait de mieux dans l’avant-garde coréenne et internationale.

Le troisième musée présente une exposition temporaire sur… le vide dans l’art Coréen ! Il s’agit d’un mélange complètement fractal entre les plus vieilles antiquités coréennes et les artistes coréens d’avant-garde, mis en valeur par la mise en scène et le bâtiment de Rem Koolhas.

Le vide, la vacuité, principe essentiel du bouddhisme, inspire complètement l’art coréen depuis toujours. J’ai été pratiquement seul pendant toute la durée de la visite de ces lieux magiques… flottant dans la vacuité exprimée pas les œuvres elles-mêmes et le bâtiments de Rem Koolhaas

La journée s’est terminée par un dîner à l’hôtel W. Un véritable temple du design. La chaine W est déjà un concept intéressant qui trouve là une parfaite réalisation…. Là aussi, vision fractale du monde, vision sur Séoul, restaurant au design international, cuisine fusion : suis-je en Corée, à un point d’émergence d’une culture avant-gardiste coréenne sur la scène internationale ? Ou plus simplement dans un îlot d’avant-garde international noyée dans la ville usine ?

Comme évoqué précédemment (Notes de voyage épisode I), je pense qu’il ne faut pas négliger l’importance des flagship stores des grandes marques. Je crois qu'il s'agit à la fois des cathédrales des temps modernes, du paroxysme de la société de consommation, et parfois d’un début d’émergence de la société création – communication.

J’avais donc décidé de visiter le nouveau magasin Hermès de Séoul, ou plutôt la Maison Hemés Dosan Park.

De toute évidence, la rentabilité du magasin lui-même n'a pas été la priorité dans les décisions (j'étais seul pendant la visite de tous les étages du magasin...) le but est bien de créer un univers, une image cohérente, un musée à la gloire de la marque Le déjeuner, ou plutôt l’expérience culinaire Hermès en est un élément : les assiette Hermès, les couverts Hermès, le service et la nourriture Hermès, la mise en scène… Bien sûr, quand j'ai voulu partir en laissant l’argent sans attendre la monnaie : "I am sorry Sir, no tipping". Où avais-je la tête, on ne laisse pas de pourboire dans les musées…

Mais le grand moment de la visite, c’est le musée Promenade conçu par Hilton McConnico. Une mise en scène incroyable pour un grand moment d’émotion. Une forêt en apesanteur plantée d'arbres à l'écorce couverte par le fameux cuir vibrato d'Hermès. Et, à l'intérieur des troncs, des vitrines-écrins avec des objets, des photos et des vidéos qui déroulent l'histoire de la maison Hermès. Une expérience sensorielle futuriste à la gloire du passé. Le passé dans le présent et le présent dans le passé…


Est-ce de l’art fractal au service du commerce, ou du commerce fractal au service de l’art ?

En résumé :

- une ville usine à la pointe de l’avant-garde artistique

- un musée magasin

- un hôtel musée du design avant-garde

- un magasin musée

Je crois qu’il va falloir continuer à observer les signaux faibles de la mode et du design à Séoul… C’est plus dure que dans la plupart des autres capitales mais sûrement plus émergent aussi.

mardi 4 décembre 2007

Notes de voyages dans un monde fractal – Episode I

Comme chaque année, j’ai entamé un tour du monde–pèlerinage pour prendre le pouls de la planète.

J’ai décidé de partager ici, au fur et à mesure des différentes étapes, quelques unes de mes observations sur ce monde de plus en plus fractal

J’ai ainsi retrouvé New York avec beaucoup de plaisir. C’est vraiment un endroit particulier sur cette planète. La ville a quand même encore beaucoup changé. Plus bourgeoise probablement. Et même certainement plus « bobo ». Mais toujours une énergie incroyable. Je reste ainsi fasciné par la créativité et le design qui débordent des magasins, des restaurants, des bars, des plus petits aux plus grands. Et malgré la boboisation (qui cache un peu la vague précédente de Disneylandisation ?) il reste encore des mélanges de genres et de gens tout à fait improbables et fascinants dans certains quartiers, comme le Lower East Side par exemple.

J’ai aussi été très impressionné par la visite du dernier WholeFood (la chaîne de supermarché bio qui a une croissance à deux chiffres…) sur Houston Street. Le concept, la réalisation et la tenue du magasin sont incroyables. Et je connais un peu la partie…

La transition, le lendemain avec l’Upper Esat Side est pour moi toujours aussi impressionnante. J’ai toujours l’impression d’au moins changer de ville ! Le luxe de Madison semble devenir absolument paroxystique, le veste en fourrure à 40 000 Euros étant ma foi presque la normale.

Et pour le paroxystique du paroxystique, le cœur de l’attracteur étrange de la transition entre l’ère industrie - commerce et l’ère création - communication, il faut voir l’Apple store ou le magasin Abercrombie & Fitch sur la Cinquième avenue. L’Apple Store avec son entrée en forme de cube entièrement en verre donnant accès à un lieu exclusivement en sous-sol et sans autre signe distinctif qu’une immense pomme blanche au sommet du cube géant ! Comme une nouvelle étoile, signe quasi-religieux de ralliement d’une tribu si nombreuse qu’elle doit être canalisée dans de longues files...

La Cinquième avenue est une des plus chère au monde et la recherche de la plus belle, la plus grande et la plus étonnante vitrine est un must pour les enseignes qui y ont un magasin. Et bien Abercrombie & Ficth eux, ont tout simplement supprimé leur vitrine en l’occultant sur trois étages avec des volets fermés ! L’entrée, elle aussi canalisée tant la foule est importante, est gardée par deux mannequins masculins de 20-25 ans ! Et comme tous les vendeurs du magasins (eux aussi de toute évidences plus sélectionnés pour leur physique que pour leur MBA) sont torse nu lorsque la météo le permet… et sont en tongues, même lorsque la météo ne le permet pas. Une fois à l’intérieur du magasin, le décor, l’éclairage – qui ne permet certainement pas de voir ce que l’on achète- et la musique qui interdit toute forme de conversation sont bien ceux d’une boite de nuit à la mode ! Au fait, pour ceux qu’ils ne le savent pas encore, Abercombie & Ficth vend essentiellement des T-shirts et des jeans… La visite du flagship store de Zara à proximité est cruelle et parait d’un autre age…

La visite des hôtels comme le Hotel on Rivington ou le Grammercy Park Hotel rappelle que l’on n’achète plus une nuit d’hôtel pour avoir un lit et une salle de bain mais plutôt un concept, un design, une inspiration, ou l’appartenance à une tribu, une expérience… Le Rivington est par ailleurs une présence complètement fractale au milieu du nouveau quartier du Lower East Side

Et pour se convaincre de l’avance de certaines enseigne vers le Bon, le Vrai, et le Beau, il faut visiter ABC Carpet & Home, immense magasin de décoration où les meubles (eco-friendly bien sûr)et autres accessoires ne sont pas exposés mais réellement mis en scène. Tout comme chez Environment Furnitture autre exemple de l’émergence du Beau, du Vrai et du Beau. Leur devise : design with nature.

Et enfin pour le dernier soir, une visite du quartier Meat Packing District où j’ai passé quelques nuits bien déjantées il y a 20 ans. Je crois que cette fois le quartier a presque fini sa Disneylandisation : entre Pastis, restaurant réplique artificielle d’une brasserie française et le déferlement de boutiques d’ultra luxe d’Alexander MacQuenn à Stela Mac Cartney… Sans parler du restaurant Buddhakan, qui fait passer le Bouddha bar parisien pour un petit restaurant de quartier avec son desk d’accueil et ses 10 hôtesses alignées qui vous attendent… Et bien sûr la salle de 20 m sous plafond…

En résumé, la fractalisation du monde suit son cours :

  • un magasin de jeans est un peu une boite de nuit
  • un magasin d’appareil électronique est un lieu de culte
  • les hôtels branchés ne s’installent plus dans les beaux quartiers mais dans les quartiers pas encore rénovés
  • un magasin où les meubles sont mise en scène comme dans un décor de théâtre ou de cinéma
  • le quartier le plus mal famé de New York et devenu le lieu d’implantation des plus grandes marques
  • les restaurants sont des musées-disneyland

A bientôt pour la suite de mes notes de voyages dans les pays asiatiques…

mercredi 22 août 2007

La conscience est-elle fractale ?

On retrouve une forte influence de notre vision du temps, linéaire pour les Occidentaux et cyclique pour les Asiatiques (voir article du 4 février 2007), dans la manière dont nous envisageons la vie, la mort, et les différents états de conscience.

Ainsi pour les Occidentaux la vie a un début… et une fin, éventuellement suivie par un après vie selon ses croyances. Par contre, pour les Asiatiques, la vie est un éternel recommencement. La réincarnation en est un des exemples.

Regardons ensemble les différents états de conscience les plus courants de la vie :

  • la veille
  • le sommeil
  • les rêves

Ces différents états de conscience se succèdent de façon à la fois cyclique (vision asiatique des choses) et linéaire (vision occidentale) à l’échelle d’une vie. Ils se succèdent en fait de manière fractale (voir article du 31 janvier 2007) :

  • l’état de veille est lui-même une succession de moments où l’on est totalement conscient, et de moments où l’on est plus absent. Les 10 derniers kilomètres de conduite dont on se souvient à peine par exemple.
  • l’état de sommeil lui-même est une succession de stades plus ou moins conscients : sommeil léger, sommeil profond, courts éveils, etc. Certains se souviennent de leurs rêves, arrivent même à les contrôler. D’autres ne se souviennent pas de leur nuit. Ils ne se souviennent même pas des moments où ils étaient réveillés !

Peut-on être conscient que l’on rêve ? Rêve-t-on que l’on est conscient ? Sommes-nous conscient que nous rêvons que nous sommes conscients que peut-être nous rêvons… etc. etc. etc.

Ce dont nous sommes conscient et que l’on appelle la réalité, les songes, et ce dont nous n’avons même pas conscience, s’articulent de manière fractale.

La mort elle-même peut être considérée comme un autre état de conscience. Certes notre corps physique disparaît mais notre âme demeure. Elle continue à être consciente d’elle-même ou non, jusqu’à son éventuelle prochaine expérience physique (une éventuelle réincarnation pour les Asiatiques par exemple). Pour la plupart d’entre nous, nous n’avons pas conscience de notre mort… C’est un trou noir.

De même que nous pouvons être plus ou moins conscients pendant la veille ou pendant le sommeil, ne sommes-nous pas simplement inconscients pendant la mort ?

N’y a-t-il rien pendant la mort, ou y-a-t-il quelque chose dont nous n’avons pas conscience ?

La mort ne serait alors qu’un des plis de la conscience fractale. Tout comme le sommeil ou l’éveil.

Etre immortel, c’est savoir rester conscient tout le temps, y compris pendant le pli de conscience de la mort. Devenir immortel, c’est ainsi apprendre à être conscient, dans l’éveil, dans le sommeil, et dans la mort.

Apprendre à vivre sa mort, c’est comme apprendre à se voir s’endormir. Et apprendre à être conscient dans son sommeil, c’est déjà un peu apprendre à être conscient au delà de la mort.

De nombreux chemins pour y parvenir ont été expérimentés au cours des siècles et sont pratiqués par de plus en plus de personnes… nous y reviendrons ! De même que nous avons commencé à apprendre à organiser notre vie de manière fractale (voir article du 10 mai 2007), nous pouvons apprendre à être conscient de manière fractale !

mercredi 13 juin 2007

L’univers connu : des plis fractals ?

L'univers tel que nous le percevons est une projection.

Qu’est-ce qu’une projection ? Par exemple, une carte géographique est une projection en deux dimensions du monde réel en 3 dimensions. Le film que vous visionnez sur votre écran de télévision est aussi une projection.

Le monde que nous observons est de quelques dimensions seulement, par exemple quatre (les trois dimensions de l’espace + le temps). Mais ce monde tel que nous le percevons n’est en fait que la projection d’un univers qui a de nombreuses autres dimensions, peut-être même un nombre infini ! Or, la projection d’un élément de plus grande dimension dans une plus petite dimension crée ce que l’on peut appeler des plis, comme lorsqu’on essaie de faire rentrer à plat un vêtement trop grand dans une boite trop petite. Essayez !

Ces plis prennent naturellement une forme fractale (voir article du 31 janvier 2007), et c’est ce qui peut expliquer l’aspect fractal de notre univers.

De même, notre vie est un pli, un pli de conscience, En effet, la projection d’une conscience de dimension infinie dans une dimension humaine, plus petite, fait que notre vie est un pli de conscience.

Ce que j’appelle ailleurs savoir identifier l’image fractale, c’est être capable de voir le schéma des plis, de voir l’ordre dans le chaos. En effet, sur un très petit bout du vêtement, on ne voit pas l’ensemble des plis et tout parait alors plat ou linéaire. Au pire, cela monte un peu, ou cela descend un peu. On ne voit pas le paysage général. Mais dès que l’on s’éloigne ou que l’on s’élève en altitude, que l’on augmente notre champ d’observation, alors les plis et l’aspect fractal apparaissent.

Notre conscience, notre vie, sont fractales. Et c’est en sachant élargir notre champ de conscience que nous pourrons en apercevoir le schéma, et commencer à en comprendre le sens.

dimanche 27 mai 2007

La rencontre de l’Asie et de l’Occident dans la fractalisation de l’écriture ?

Les différentes formes d’écritures expliquent une part importante de nos modes de pensée. Ainsi, prenons les écritures occidentale (alphabet latin) et chinoise :

Ecriture occidentale :
  • elle est conceptuelle et logique
  • ce qui est important, c’est le symbole formé par les lettres
  • s’il y a une faute ou une erreur de frappe, cela ne change pas le sens
  • le sens du mot varie peu selon le contexte
  • la lecture se fait de gauche à droite, ce qui favorise l’utilisation du cerveau gauche
La pensée occidentale est, comme l’écriture, conceptuelle, logique, et peu sensible au détail.

Essayez de lire le texte ci-dessous :

L'odrre des ltteers dnas un mtos n'a pas d'ipmrotncae, la suele coshe qui cmotpe est que la pmeirère et la drenèire soenit à la bnnoe pclae. Le rsete peut êrte dnas un dsérorde ttoal et vuos puoevz tujoruos lrie snas porbèlme. C'est prace que vorte creaveu ne lit pas chuaqe ltetre elle-mmêe, mias le mot cmome un tuot.

Malgré les erreurs, la plupart des gens saisissent parfaitement le sens du texte !

Un autre exemple ? Que lisez-vous dans le triangle ci-dessous ?


Avez-vous bien lu ? Etes-vous sûr ? Pour vérifier, aller voir en bas de cet article. (1)

Ecriture chinoise :
  • elle est contextuelle
  • elle est basée sur la réalité imagée, pas sur un symbole
  • le détail est important. Une erreur dans le signe peut le rendre illisible ou en changer le sens.
  • le contexte est essentiel. Le même idéogramme va changer complètement de sens selon les idéogrammes qui l’entourent
  • la lecture se fait de droite à gauche, ce qui favorise l’utilisation du cerveau droit
Exemple : du cheval à son idéogramme :


La pensée chinoise, comme l’écriture, est contextuelle et très sensible au détail.


Ces deux types d’écriture, liés à deux types de pensées, peuvent-ils se rejoindre ? Va-t-on voir apparaitre des formes d’écritures qui se fractalisent avec des aspects visuels dans des écritures conceptuelles tel l’alphabet latin ? Et inversement des aspects conceptuels et logiques dans des alphabets typiquement visuels et contextuels tel le chinois ?

Cela va-t-il contribuer à former une nouvelle forme de pensée fractale (voir article du 31 janvier 2007) ? (2)

En fait, ces phénomènes ont déjà commencé à se produire !

Le Japon possède ainsi aujourd’hui plusieurs types d’alphabets, l’un proche des idéogrammes chinois avec les influences sur la pensée décrite ci-dessus. Les autres alphabets japonais sont phonétique donc plus conceptuels et se rapprochent des modes de pensée occidentaux (est-ce l’une des raisons de la place particulière du Japon en Asie et dans le monde ?)

L’exemple du coréen est également intéressant. Tout d’abord, c’est un des derniers alphabet qui est été inventé. On peu le qualifier de récent à l’échelle de l’histoire et il s’agit en fait peut être d’un précurseur. Si le coréen est typiquement phonétique, donc conceptuel et logique, il reprend néanmoins un aspect très visuel. Un touriste non initié pourra croire devant un panneau en coréen qu’il s’agit de chinois !

L’écriture occidentale évolue elle aussi vers des aspects plus visuels et contextuels :
  • apparition des smileys dans les mails, les sms, la messagerie instantanée, etc.
  • écriture des sms contextuelle sur certains téléphones avec les logiciels d’écriture intuitive.
  • impossibilité de comprendre certain sms hors du contexte ! C ta mer k lé kdo !
Nous pouvons ainsi observer qu’une nouvelle forme d’écriture fractale, à la fois visuelle-contextuelle et logique-conceptuelle est en train d’émerger. A nous de savoir la repérer et surtout de savoir l’utiliser pour enrichir notre communication. C’est aussi de cette façon que nous ferons émerger une nouvelle forme de pensée… et une nouvelle forme de conscience fractale !


(1) Dans le triangle, il est écrit : « Paris au mois DE DE mai » Il y a deux fois le mot DE. L’aviez-vous remarqué ? L’écriture occidentale ne favorise pas la sensibilité au détail et seul 15 % environ des français remarquent le deuxième DE…

(2) Korzybski explique ainsi combien nous sommes prisonniers de notre structure de langage Greco-Romain et Aristotélien. Par exemple, la racine du mot réalité est "res", la chose, l'objet statique et solide, alors qu’en russe la racine est "mouvement". Ceux qui parlent de réalité en russe ont donc une notion bien plus proche de la physique moderne et de l'approche fractale.

vendredi 18 mai 2007

Organiser sa vie de façon fractale ?

Comment organiser sa vie, son travail, ses loisirs, etc. de manière fractale (voir article du 31 janvier 2007) ? Cela vous permettra, non seulement de mieux vous adapter au nouveau monde dans lequel nous vivons, mais cela vous permettra même d’en tirer tous les avantages !

Etudions quelques aspects de notre vie et voyons comment y répondre de manière fractale :

Temps de travail / temps de loisir :

  • La version linéaire : L'organisation actuellement dominante est typique de l'ère industrie-commerce : on travaille pendant de longues plages horaires et on se repose également dans des plages horaires plus ou moins longues. C’est la dualité, soit l’un soit l’autre.
  • La version fractale : C’est accepter parfois de travailler pendant ses congés… mais aussi avoir des moments de congé pendant que l'on travaille ! C’est savoir exploiter pleinement les caractéristiques de l'ère création-communication, ou société de l’information. Partir en week-end avec son ordinateur portable ou son smartphone permet certes aux mails professionnels d’envahir la sphère privée… mais l’on peut aussi faire ses courses, ou organiser ses prochaines vacances sur internet pendant les heures de travail ! Le plus dur, c’est bien sûr comme pour les autres thèmes ci-dessous de bien définir les limites. Savoir en permanence identifier l’image fractale de notre organisation personnelle !

Lieu de travail / lieu de vie personnelle :

  • La version linéaire : Actuellement on travaille à un endroit, on vit dans un autre endroit. Il est ainsi tout à fait surprenant de constater que les formes de télétravail n’arrivent toujours pas à se développer… sauf à y voir la crainte de perdre le contrôle du travail des employés par des dirigeants eux-mêmes apeurés par l’évolution du monde…

  • La version fractale : On travaille de moins en moins au bureau, et de plus en plus souvent de chez soi, mais aussi en déplacement. Les outils modernes de communication nous permettent de rester connectés dans presque tous les lieux.
    Ce n’est plus le lieu qui décide de l’activité mais nous-mêmes qui décidons ce que nous voulons faire en tout lieu ! Nous devenons alors de véritables nomades.

Lieu de résidence / lieu de vacances :

  • La version linéaire : On habite dans un lieu dont on s’enfuit dès que l’on peut pour les vacances.
  • La version fractale : On a déjà créé un espace de travail à son domicile, il s’agit maintenant d’y créer un espace de vacances ! Par exemple, un lieu où lire ou un espace d’isolement pour méditer… Par ailleurs, on voit de plus en plus de personnes vivre dans deux lieux au lieu d’un seul. Parfois pour des raisons familiales (famille recomposée par exemple), mais de plus en plus par choix de son (ses) lieu(x) de vie. Ainsi voit-on de plus en plus de gens garder un pied à terre dans une grande ville et s’installer à la campagne. Attention il ne s’agit plus de la dualité appartement dans la ville ou l’on travaille / maison de campagne où l’on se repose! L’appartement en ville est à la fois lieu de rencontres professionnelle mais aussi culturelle, relationnelle. Et la maison de campagne est devenue, grâce à internet un véritable lieu de travail.

Temps de d’apprentissage / temps de travail / temps de repos ou de retraite :

  • La version linéaire : Dans une vie linéaire, les étapes se succèdent sans vraiment se chevaucher : la naissance, la petite enfance, l'école, les études, le travail, la retraite, la mort. On apprend, puis on utilise, puis on se repose…

  • La version fractale : Apprenez à apprendre de manière plus fractale. Travaillez pendants vos études et sachez reprendre des études plus ou moins longues à tout âge. Donnez-vous du temps pour lire. Sachez prendre des moments de retraite pendant votre période à dominante travail. Participez à des stages professionnels et à des stages de développement personnel. Cela veut aussi dire savoir économiser et dépenser pour votre apprentissage !
    La gestion de son capital enseignement-apprentissage doit se gérer, comme votre capital retraite ou votre capital santé.

Temps de vie salariée / temps de recherche d’emploi :

  • La version linéaire : On est soit salarié, soit chômeur. Il n’y a rien entre les deux. Et la transition est en générale brutale.
  • La version fractale : On est en recherche d’emploi permanente, même lorsqu’on pense avoir un emploi stable. Son cv est toujours prêt et ses réseaux de contacts toujours activés ! D’ailleurs on est prêt à accepter des missions plus ou moins longues. Missions qui, mêmes courtes, s’insèrent dans un projet professionnel à long terme. Attention, il ne s’agit pas d’accepter une précarisation générale des emplois mais bien de mettre en place une véritable nouvelle organisation du travail !

Temps de vie active / temps de religion - spiritualité :

  • La version linéaire : Actuellement, on croit… ou on ne croit pas. Et si on croit, notre vie est divisée entre les moments de recueillement et les moments où l’on oublie presque sa religion. On va à la messe le dimanche et on est un patron voyou le lundi.
    La version fractale : Ne croyez pas ! Ne doutez pas non plus ! Expérimentez plutôt votre propre spiritualité ou religion. Expérimentez votre propre monde en création. Ressentez le divin au quotidien dans votre vie, sur votre propre chemin. Si vous méditez, apprenez à faire des médiations plus courtes... et apprenez à faire des méditations beaucoup plus longues. Apprenez à méditer pendant les quelques secondes d’attente de votre bus… et offrez-vous une retraite d’une ou deux semaines à l’occasion. C'est ainsi que vous apprendrez à être en méditation permanente !

Il y a de nombreux autres exemples sur lesquels nous reviendrons. Mais pour résumer, disons qu’un des moyens de fractaliser sa vie c’est, d'une part savoir raccourcir, et en même temps savoir rallonger les différentes séquences de sa vie. Par exemple, apprenez à raccourcir vos vacances, sachez débrancher, vous déconnecter et vous reconnecter rapidement. Mais sachez aussi de temps en temps prendre des périodes de congés inhabituellement longues - trois mois, six mois, un an et même plus !

En organisant votre vie, progressivement, de manière plus fractale, vous serez mieux à même de comprendre et de vous adapter à ce monde qui vous apparaît jour après jours de plus en plus chaotique. Vous ne serez plus un simple spectateur subissant et s’adaptant au mieux aux circonstances. Vous deviendrez vous-même plus fractal, vous ferez partie intégrante de ce nouveau monde !

Vous serez acteur et créateur de ce monde en émergence !

samedi 21 avril 2007

Comment la vie est devenue fractale ?

Pierre et Marie ont aujourd’hui 70 et 71 ans. Ils ont eux deux enfants, leur fils Philippe qui a aujourd’hui 43 ans et leur fille Sophie qui a 39 ans. Pierre est né dans un petit village à côté de Lyon. C’est dans ce village qu’il est allé à l’école jusqu’au BEPC. Ensuite, il a commencé à travailler dans l’usine du village voisin. C’est d’ailleurs sur son lieu de travail qu’il a rencontré Marie. Ils ont élevés leurs enfants avec amours et ils ont essayé de leur transmettre les valeurs chères à leurs yeux. Ainsi, ils leur ont par exemple expliqué tout au long de leur jeunesse qu’ils devaient absolument travailler à l’école et réussir leur étude s’ils voulaient réussir dans la vie et être l’abri du besoin. De même, tous les deux de religion catholique, ils ont essayé de transmettre l’essentiel des valeurs chrétiennes à leurs enfants. Ils habitent aujourd’hui dans la maison qu’ils ont aménagée au cours des années et ils pensent bien, lorsque que le jour viendra, se faire enterrer dans le petit cimetière du village où les parents de Pierre sont déjà enterrés.

La vie de Pierre et Marie, malgré quelques incidents, a été très linéaire.

Philippe leur fils les a quittés vers 18 ans pour poursuivre de brillantes études d’ingénieur à Lyon. C’est lors de son stage à Londres qu’il a rencontré sa femme Anna, anglaise d’origine indienne musulmane. Après un brillant début de carrière, à la grande fierté de ses parents, il a du changer complètement de carrière ayant été licencié comme la plupart de ses collègues après le rachat de sa société par une entreprise chinoise. Il travaille maintenant à Milan où il a pu trouver un travail de consultant. Il a bien du mal à expliquer son parcours professionnels à ses parents qui eux-mêmes n’osent pas le raconter à leurs amis du village. Pourtant leur fils tente, vainement, de leur expliquer qu’il gagne bien mieux sa vie depuis qu’il est consultant ! Sa femme Anna est restée travailler à Londres où elle occupe un important poste d’analyste financier dans une grande banque. Philippe et Anna commutent tous les week-ends pour se retrouver à Londres ou à Milan. Leur fils de 11 ans, Kevin, est inscrit au lycée international de Londres. Il est déjà un habitué des aéroports et a sa propre carte Gold de voyageur fréquent sur une compagnie aérienne !

La vie de Philippe et Anna est déjà un peu moins linéaire… Mais que va être la vie de leur fils Kevin ? Essayons d’imaginer…

Kevin est parfaitement trilingue, français, anglais et chinois, qu’il a commencé selon ses propres souhaits à apprendre à l’âge de 8 ans ! Bien que probablement il va suivre des études plus longues que celles son père, il va commencer à travailler très tôt. Ses périodes d’études seront entrecoupées de divers stages et autres missions d’apprentissage. Il va même interrompre plusieurs fois ses études pour faire des longs séjours à l’étranger, par exemple en Chine pour parfaire son chinois, mais également lors de missions humanitaires dans divers pays. Pendant toutes ces périodes, il sera bien sûr rémunéré, soit par ses employeurs, soit sous forme d’aides gouvernementales ou associatives.

A bien y réfléchir, il est d’ailleurs finalement impossible de répondre à la question : quand Kevin va-t-il finir ses études et commencer sa vie active ?

D’ailleurs plus âgé, il va plusieurs fois interrompre plus ou moins longuement ce que l’on appelle aujourd’hui sa vie professionnelle, soit pour reprendre des études, soit pour mener à nouveau d’autres projets humanitaires dans plusieurs pays. Il prendra également à de nombreuses reprises de longues périodes que l’on qualifierait aujourd’hui de vacances, consacrée à la découverte du monde… ou de lui-même.

De la même manière, il est difficile de dire quand il va prendre sa retraite. En effet, sa vie pendant son quatrième et même cinquième âge va continuer à être une alternance d’activités très diverses plus ou moins rémunérées ou simplement de loisirs.

Kevin qui a été élevé dans une grande tolérance religieuse (son père est d’éducation catholique et sa mère musulmane) va découvrir à 16 ans lors d’un stage d’art martial au Japon le bouddhisme Zen. Il pratiquera de nombreuse retraites au cours de sa vie. Si on lui demande quelle est sa religion, il lui sera bien difficile de répondre. De même, il se demandera parfois s’il n’est pas plus asiatique qu’occidental. Dans tous les cas, il affirmera que la spiritualité est un élément essentiel de sa vie.

Côtés vie privée, il va se marier presque plus jeune que ses parents… à leur grande surprise ! Il divorcera aussi beaucoup plus tôt… Il abandonnera d’ailleurs assez vite le concept de mariage et passera rapidement au concept de contrat de vie commune avec ses partenaires. Il aura plusieurs enfants avec des partenaires différents… et sera également totalement investi à certaine époques de sa vie dans l’éducation d’enfants qui ne sont pas les siens. Pendant quelques années, il vivra même une expérience homosexuelle avec son partenaire et participera également à l’éducation des enfants de celui-ci !

Avec plusieurs de ses partenaires, il aura aussi l’occasion de partager non pas seulement sa vie privée mais aussi des projets professionnels ou associatifs. Réciproquement, sa ou son partenaire dans un projet professionnel est parfois la mère de ses enfants ou son aimée… Il est parfois difficile de faire la part du privé et du professionnel dans sa vie.

D’autant plus qu’ils travaillent parfois de chez eux. La frontière entre lieu de vie privée et lieu de travail et ainsi difficile à déterminer.

La vie de Kevin sera décidément très fractale (voir article du 31 janvier 2007) !

Quand on vit dans un monde linéaire, les frontières travail / vacances, son pays / l’étranger, privé / public, ami / ennemi, etc. sont claires et bien définies. La vie est organisée par longues périodes qui se mélangent peu, par exemple : éducation, puis travail, puis retraite.

Dans un monde qui n’est plus linéaire mais qui est devenu fractal, la vie s’organise selon des schémas où des périodes très différentes qui doivent s’articuler entre elles.

Je vais tenter dans un prochain article de montrer comment on peut s’adapter au mieux à un monde devenu fractal. Nous verrons ainsi comment fractaliser sa vie pour mieux savoir s’adapter à ce nouveau monde fractal.

Pierre et Marie dans leur jardin

Anna et Philippe lors de leur mariage

Kevin à 10 ans

mardi 10 avril 2007

Faut-il croire aux sondages ?

Hola de la Patagonia !

Un peu d’actualité… Cette période d’élections nous abreuve de sondages. Sondages qui sont à la fois quotidiens… et quotidiennement remis en cause. Sont-ils capable de prévoir les résultats des élections ? Même si les sondeurs eux-mêmes, et les journalistes parfois, rappellent qu’ils ne sont qu’une photographie instantanée, ils sont néanmoins utilisés par les analystes politiques et le tout un chacun comme une information quant aux futurs résultats des élections. Deux questions se posent donc : les sondages nous donnent-il effectivement une information précise sur les résultats des élections, et, sont-ils vraiment une photo instantanée de l’opinion publique ?

Les réponses à ces questions sont non, et non.

Les sondeurs eux-mêmes ne cherchent plus à prétendre que les sondages sont des outils de prévisions et le simple rappel des faits est sans appel : selon les sondages, Edouard Balladur aurait du être élu en 1995 et aucun d’entre eux n’avait prévu la présence de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour en 2002.

De plus, les sondages, s’ils peuvent apporter des informations sur les opinions des sondés et leur évolutions dans le temps, ne sont certainement pas non plus une image fidèle, une photographie de l’opinion publique, si tant est qu’une telle chose existe.

La raison en est simple : les sondages se basent pour l’essentiel sur des projections linéaires et/ou temporelles :
  • si tant de personnes parmi l’échantillon des sondés se comportent ainsi, alors x % de la population se comportera ainsi.
  • si par le passé les échantillons de sondés ont donné telle ou telle information sur la population globale, nous pouvons refaire aujourd’hui les mêmes hypothèses, voire apporter les corrections souhaitables aux résultats actuels pour tenir compte du passé.
Mais justement, tout cela ne peut plus fonctionner ! Comme nous avons commencé à le voir, le monde n’est plus linéaire, il est devenu chaotique, il est devenu fractal. Et là aussi, on en trouve plusieurs exemples :
  • le choix même des échantillons de sondés pose problème. Comment projeter des résultats obtenu avec des échantillons de personnes tels qu’ils étaient fait par le passé alors que près de 20% de personnes n’ont plus de téléphone fixe (les sondés le sont par téléphone fixe), surtout parmi les plus jeunes électeurs ?
  • on voit apparaître ce que l’on pourrait comparer à des boucles de rétroaction positives avec des sondés qui choisissent leur réponse en fonction de leur volonté de manipulation du résultat du sondage…
  • et que penser du phénomène de l’influence de l’observateur sur l’observé ? Ainsi du choix des sondeurs de faire des sondages sur des éventuels scénarios de deuxièmes tours aux élections présidentielles avec des candidats qui ne doivent pas passer l’étape du premier tour d’après leurs propres sondages !
Les sondages ne sont pas pour autant inutiles. C’est leur utilisation qui est abusive.

Aujourd’hui, dans un monde non linéaire, qui est devenu fractal, les sondages sont même peut-être plus utiles que jamais. Mais les probabilités et les statistiques, doivent être maintenant articulées avec la théorie du chaos. Alors, les sondages pourront permettent deux choses essentielles pour la compréhension et la bonne vision d’un monde fractal :
  • ils permettent de suivre les évolutions dans le temps.
    Aux mêmes questions, quelles sont les réponses apportées par le même type d’échantillon de personnes à des époques différentes.
  • ils sont une aide indispensable à l’établissement de différents scénarios possibles.
    Plutôt que prédire une, et une seule, éventuelle réalité future, à savoir la plus probable, ils permettent de travailler sur les différentes émergences possibles.
En effet, dans un monde linéaire, on peut faire des projections. Mais dans un monde fractal (voir article du 31 janvier 2007), on fait des scénarios, on essaie de voir les différents chemins possibles. Voir ces scénarios, c’est comme essayer de voir les images fractales émerger de ce qui semble être le chaos, être capable de voir l’ordre dans le désordre.

Il serait ainsi dommage de jeter le bébé avec l’eau du bain ! Nous avons plus que jamais besoin d’outils d’analyse et de projection. Nous avons besoin de l’intégration des sciences de la probabilité et des sciences du chaos pour les méthodes de sondages, comme c’est déjà le cas dans les domaines de la météorologie et financiers par exemple.
Sachons donc utiliser les sondages pour ce qu’ils peuvent nous apporter… et un peu moins pour les discussions de café de commerce et autre course au meilleur candidat !

samedi 24 février 2007

Emergence d’une conscience collective fractale : elle est déjà là !

La nouvelle conscience (intelligence ?) collective sera fractale (voir article du 31 janvier 2007). Et cette nouvelle conscience mondiale est déjà en train de naître ! Bien sûr, si vous conservez une vision linéaire, vous ne pouvez pas la voir. J’entends par vision linéaire, une vision où on projette des tendances existantes et où l’on se base sur les modèles actuels pour comprendre et faire des projections. Par contre, avec une vision fractale, vous verrez alors émerger cette nouvelle forme de conscience collective. J’entends par vision fractale, la capacité à identifier les motifs d’une image fractale dans le chaos apparent formé par les nouvelles frontières multiples et imbriqués entre elles.

Ainsi, quelques exemples :

  • Jamais dans l'histoire de l'humanité, autant de personnes à travers le monde n’ont manifesté contre une guerre, la deuxième guerre du golfe.
    Avec une vision linéaire, vous ne verrez que l'échec de ces manifestations dans leur tentative d'empêcher cette guerre qui a finalement bien eu lieu.
    Avec une vision fractale, vous verrez qu’en plus de la taille record de ces manifestations il ne s’agit plus d’une simple confrontation binaire entre les opinions de pays pour ou contre la guerre, mais que les plus grandes manifestations ont eu lieux dans les pays mêmes de la « coalition » favorables à cette guerre (la manifestation de 1,5 millions de personnes à Londres est non seulement la plus importantes de ces manifestations mais aussi la plus importante de toute l’histoire anglaise !) Vous verrez ainsi une des amorces d'émergence de cette nouvelle conscience mondiale fractale !

  • Jamais autant de dons n'ont été effectués après une catastrophe naturelle, le tsunami de décembre 2004.
    Avec une vision linéaire, vous ne verrez qu’un élan de générosité proportionnel à l’ampleur de la catastrophe et les problèmes dans l'utilisation, ou la non-utilisation, de ces dons.
    Avec une vision fractale, vous verrez un autre signe de l'émergence de cette nouvelle conscience mondiale : des gens qui n’avaient jamais donné ont contribué à cet élan de générosité mondiale, y compris dans des pays plus habitués à recevoir l’aide mondiale. L’ultra médiatisation de l’évènement n’est pas l’explication de l’incroyable flux de don. C’est une émergence de la conscience mondiale qui tente de répondre, à l'échelle planétaire, à des problèmes qui se posent aujourd'hui, eux-mêmes à l’échelle planétaire : évolution climatique, pollutions, nouvelles pandémies, etc.

  • Le développement rapide du microcrédit est un autre exemple. On est passé ainsi d’un système où de gros prêteurs prêtent à de gros emprunteurs, ou en tout cas à des emprunteurs solvables, à un système où chacun est à la fois emprunteur et prêteur, et à un système qui touche également les moins solvables.
    Avec une vision linéaire, vous ne verrez qu’une extension du monde capitaliste et financier aux plus pauvres.
    Avec une vision fractale, vous verrez l’émergence d’une nouvelle forme d’organisation économique et sociale qui intègre ceux précédemment exclus par le système dominant. Vous verrez un nouvel indice de l’émergence de la conscience mondiale fractale.

  • Jamais le réel et le virtuel n’ont été aussi imbriqués en des frontières variables. Le jeu massivement en ligne Second Life en est un exemple.
    Avec une vision linéaire, vous verrez un nouveau gimmick technologique, un nouveau monde parallèle (et il en existe déjà d’autres). Mais, ce qui est révolutionnaire, ce n’est pas l’aspect monde parallèle, ce sont les interactions avec le monde réel.
    Avec une vision fractale, vous observerez que ce n’est plus le réel d’un côté et le virtuel de l’autre. Le virtuel entre dans le réel et réciproquement. Ainsi les plus grandes marques y articulent leur démarches commerciales et marketing avec celles menées dans le monde réel. Et si les partis politiques s’y affrontent, c’est en grande partie pour qu’on en parle dans les médias du monde réel. De même, l’économie qui y est née a des aspects bien sonnants et trébuchants dans la vie réelle. Et si le réel entre dans le virtuel, le virtuel entre également dans notre réel : pour avoir de nouvelles de son voisin, on tape plus facilement son nom sur Google que l’on frappe à sa porte ! Encore une fois, le réel est dans le virtuel et le virtuel est dans le réel, tous deux imbriqués comme dans une image fractale. Il est même possible que Second Life, qui vient d’ouvrir une partie de ses codes sources, devienne le nouvel outil de navigation sur la toile. Cela pourrait alors devenir le nouveau navigateur du réseau internet et peut-être même une interface entre le réel et le virtuel de la nouvelle conscience mondiale…

Ainsi, avec une vision linéaire, vous ne verrez dans chaque action individuelle, dans chaque ONG, dans chaque projet humanitaire, ou dans chaque émergence du réseau internet, que des projets isolés impossibles à généraliser, à reproduire à plus grande échelle, et qui donc n'auront jamais la taille critique en vue de répondre aux problèmes qui sont à l’échelle planétaire.

Avec une vision fractale vous verrez au contraire l'émergence d'une nouvelle conscience mondiale. Vous verrez les cristaux sources d’une solution de problèmes à l’échelle planétaire.

Les plus attentifs croient voir des signaux faibles et basent leurs prévisions sur ceux-ci. Mais tous ces exemples ne sont pas les signaux faibles d'un univers linéaire. Ce sont les signaux forts d'un univers chaotique et fractal. Ils n'annoncent pas des évolutions, ils sont les preuves d'une nouvelle organisation en train d'émerger.

A nous de voir et savoir accompagner cette nouvelle émergence. Si nous voyons ces nouveaux signes, nous pouvons alors aider, accompagner et faciliter cette émergence. Au contraire, si nous passons à côté, nous continuerons à laisser s'installer les souffrances, les catastrophes, voire le chaos, mais cette fois au sens commun du terme !

L’émergence d’une nouvelle conscience mondiale est à la fois nécessaire et inévitable. Elle se produira tôt tard mais nous avons le choix collectif qu’elle se produise maintenant… ou plus tard. Dans la paix et le bonheur du plus grand nombre… ou dans la souffrance. C’est un choix individuel et collectif historique. Une telle occasion ne s’est jamais produite dans l’histoire de l’humanité !

dimanche 11 février 2007

Qu’est-ce qu’un monde fractal ?

J’essaie de montrer ici en quoi le monde s’est transformé d’ensembles assez homogènes aux frontières clairement définies en un monde où l’un se retrouve dans l’autre, comme dans une image fractale. Le lointain se retrouve ainsi parfois plus proche… et le proche se retrouve parfois lointain.

  • La séparation politique Droite-Gauche : le monde politique était clairement séparé entre la droite et la gauche. Dans certains milieux, on votait même de père en fils pour le même parti. C’est bien sûr encore vrai aujourd’hui. Mais on voit également apparaitre des électeurs qui votent pour un parti tout en partageant clairement les idées du parti adverse. Ainsi voit-on un candidat qui à la fois prône une droite fière… et en appelle à Jaurès. Et une candidate de gauche qui veut rallier les classes les plus populaires et en appelle à l’ordre juste, concept plutôt de droite me semble-t-il.
    Ce ne sont pas que des discours électoralistes, ce sont des hommes et des femmes politiques qui courent après leur électorat qui se fractalise !

  • Le rapport féminin-masculin : les images de l’homme et de la femme étaient bien définies et très différentes, parfois opposées. Or, on demande aujourd’hui aux hommes de laisser apparaître leur féminité et les femmes n’hésitent plus à affirmer des valeurs que l’on considérait il y a peu comme masculines. Les hommes deviennent Metrosexuels, affichant un soin d’eux même et des attitudes qui les auraient classés dans la catégorie des gays il y a peu...
    Les femmes ne deviennent pas masculines, les hommes ne se féminisent pas, c’est le concept féminin-masculin qui se fractalise !

  • La monde de la mode et des branchés : il y a peu, quelques villes comme Paris, Londres, New York, Tokyo, possédaient les lieux branchés et dictaient la loi de la mode et de la branchitude au reste du monde. Le reste, pour les branchés, n’était alors qu’un vaste no man’s land provincial. Aujourd’hui, on trouve des lieux qui affichent tous les codes de la branchitude, et où l’on retrouve le même public, légèrement à la couleur locale, à Mumbai, Bangkok et ailleurs dans le monde.
    Le monde de la mode ou de la branchitude ne s’uniformise pas, il se fractalise !

  • Les modes de consommation : avant, le saumon c’était pour les riches et le hard-discount pour les pauvres. Aujourd’hui, le saumon se retrouve, comme d’autre mets autrefois dit luxueux, sur toutes les tables. Les riches s’approvisionnent à la fois chez les traiteurs Place de la Madeleine et dans les magasins de hard-discount. De même, les compagnies aériennes avaient l’habitude de classer leur clients en catégories aux limites claires : ceux qui voyagent en Première, ceux qui voyagent en Affaires et ceux qui voyagent en classe économique. Ces mêmes compagnies observent que les mêmes clients voyagent un jour en première et le lendemain avec une compagnie Low Cost ! Ou encore, les ventes de la voiture à bas coût Logan dépassent les attentes de Renault parce qu’elles explosent chez les riches !
    Ce ne sont pas que les produits de riches qui se démocratisent et les riches qui jouent aux pauvres, ce sont les habitudes et les reflexes de consommation qui se fractalisent !

  • Les lieux d’éducation et de savoir : ils étaient eux aussi très bien localisés et délimités, essentiellement dans les grandes villes universitaires ou les grandes capitales mondiales. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Par exemple, début 2007, le MIT a décidé que l’ensemble de ses cours seraient disponible gratuitement sur Internet. Ainsi, n’importe qui avec une connexion Internet a accès aujourd’hui à presque tous les savoirs, alors que son voisin de palier ou de village peut rester dans l’ignorance s’il n’est pas connecté.
    Ce n’est pas qu’une fracture numérique, c’est la fractalisation du monde vis-à-vis de l’accès au savoir et à l’éducation.

Je reviendrai prochainement sur tous ces exemples et j’en présenterai d’autres : la conscience, la vie quotidienne, la famille, les aspects géopolitique et religieux, les organisations et le management, etc.

Celui ou celle qui cherche à comprendre, à analyser ou à prévoir l’évolution de tous ces domaines en les observant de manière linéaire court à l’échec. Seule une vision fractale permet de comprendre ces domaines, de prévoir leurs évolutions et d’agir.

samedi 10 février 2007

Nouvelle vision du monde : un nouvel espoir !

Voir le monde de manière fractale peut nous permettre de le comprendre, et aussi de le sauver !

Si nous arrivons individuellement, et collectivement, à développer une nouvelle vision du monde, nous serons plus à même de le voir tel qui est devenu, c'est à dire de plus en plus complexe et en perpétuel changement. La vision fractale du monde nous aidera alors à faire émerger une nouvelle conscience, individuelle et collective.

Celui qui a compris que le monde est loin des équilibres, que son fonctionnement n’est plus linéaire mais chaotique, sait qu’une seule action, un seul projet, une seule transformation individuelle peut changer le monde. C’est le célèbre effet papillon (1) : un battement d'aile de papillon peut déclencher une tempête. Cette notion ne concerne pas seulement la météo, elle s'applique toute autant aux sociétés humaines. Des changements de comportements qui semblent insignifiants au départ peuvent déclencher des bouleversements à grande échelle.

Ainsi, les transformations sociales sont de plus en plus liées à quelques actions individuelles plutôt qu'à des phénomènes de masse. Ceci parce que les conditions essentielles à l'émergence de l'effet papillon sont à présent réunies :

  • La circulation de l'information est de plus en plus rapide et de plus en plus dense entre les différents acteurs de la société et les diverses parties du monde. Des événements auparavant isolés peuvent maintenant être reliés très rapidement. Cela favorise la transmission et l'amplification des changements.

  • Le temps s’est accéléré : il a fallu 3 millions d’années à l’Homme pour passer de l’ère Chasse-Cueillette à l’ère Agriculture-Elevage, 30 000 ans pour passer à l’ère Industrie-Commerce, et seulement 300 ans pour passer à l’ère Création-Communication. Les révolutions technologiques, sociales, économiques actuelles se déroulent sur deux, voire une seule génération. L’Homme et les Cultures n’ont plus le temps de s’adapter en douceur. Par exemple, nos grands-parents naissaient, travaillaient et mourraient proche du même lieu géographique alors que la probabilité de naître, travailler et mourrir au même endroit est aujourd’hui presque nulle ! De même, les 800 mots du langage commun que nos parents apprenaient étaient à quelques exceptions près les même 800 mots qu’ils utilisaient à la fin de leur vie alors que les 800 mots que vous utilisez communément sont déjà bien loin de ceux que vous avez appris jeune. Il n’y a pas si longtemps, vous ne téléchargiez, chattiez ou ne pod-castiez pas beaucoup, n’envoyiez pas beaucoup de sms ou de mail...

  • Les sociétés humaines sont arrivées à un point de bifurcation. Nous sommes dans une période de redéfinition complète des normes et des valeurs en matière de travail, d'économie, mais aussi de vie sociale et de rapports entre Etats.

Tous ces éléments mettent le pouvoir de changer le monde à portée de notre main car dans ce type de situation chaotique, une infime modification peut tout faire basculer.

Si nous cherchons à résoudre les problèmes complexes actuels avec une vision linéaire, nous courrons à l'échec. Ou plutôt à des catastrophes sociales, écologiques, biologiques, terroristes sans précédents dans l'histoire de l'humanité.

Hors actuellement, nous sommes individuellement et collectivement, dans un déni total de réalité. Ce déni absolu s'explique en partie par notre incapacité à voir le monde tel qu’il est. Nous n'avons pas la bonne grille de lecture ! Aussi, avons-nous besoin d'un sérieux upgrade. Alors seulement, nous pourrons comprendre que si les catastrophes n'ont jamais été aussi probables, jamais nous n'avons eu autant de pouvoir pour les éviter et faire émerger un nouveau monde. Le monde chaotique dans lequel nous sommes entrés est encore en phase de décision. C'est le moment le plus sensible aux conditions initiales, le moment ou un simple geste individuel peut encore tout changer. Comme dans l'effet papillon.

Dans un monde linéaire, il faut être suffisamment nombreux, atteindre la masse critique, pour "changer le monde". Dans un monde chaotique, une simple action individuelle peut le sauver.

Jamais dans l'histoire de l'humanité un seul être humain n'a eu autant de pouvoir. Jamais dans l'histoire de l'humanité, vous n'avez eu autant de pouvoir !


(1) Un battement d'ailes d'un papillon au Japon peut provoquer quelques semaines plus tard une tempête sur New-York. Cette image décrit l'effet papillon tel qu'il a été mis en évidence par le météorologue Edward Lorenz.

Il a découvert que dans les systèmes météorologiques, on ne pourra jamais prévoir le temps qu'il fera avec précision car une variation de quelques phénomènes anodins -tels les battements d'ailes d'un papillon- altèrent les paramètres de départ suffisamment pour provoquer des changements énormes au bout d'un certain temps. Le résultat final sera totalement imprévisible, même si on croyait utiliser au départ les mêmes données qu'à une autre époque dont les paramètres les plus importants étaient similaires.

Lorenz a fait cette découverte par accident. Son ordinateur a calculé, seul, les projections météo sur plusieurs jours alors que Lorenz avait oublié de retirer les dernières décimales de ses paramètres de départ -les millièmes, dix millièmes et les cent millièmes. À son retour, Lorenz s'aperçu que le portait météo final était totalement différent de celui qu'il obtenait s'il retirait ces fameuses décimales qu'il croyait presque inutiles tellement elles sont infimes dans les données de départ.

Ainsi donc, une simple action, infinitésimale, engendre inévitablement des conséquences totalement imprévisibles, en météo. C'est ce qui lui a fait dire que: Un simple battement d'ailes d'un papillon au Japon peut provoquer quelques semaines plus tard une tempête sur New-York.