mardi 4 décembre 2007

Notes de voyages dans un monde fractal – Episode I

Comme chaque année, j’ai entamé un tour du monde–pèlerinage pour prendre le pouls de la planète.

J’ai décidé de partager ici, au fur et à mesure des différentes étapes, quelques unes de mes observations sur ce monde de plus en plus fractal

J’ai ainsi retrouvé New York avec beaucoup de plaisir. C’est vraiment un endroit particulier sur cette planète. La ville a quand même encore beaucoup changé. Plus bourgeoise probablement. Et même certainement plus « bobo ». Mais toujours une énergie incroyable. Je reste ainsi fasciné par la créativité et le design qui débordent des magasins, des restaurants, des bars, des plus petits aux plus grands. Et malgré la boboisation (qui cache un peu la vague précédente de Disneylandisation ?) il reste encore des mélanges de genres et de gens tout à fait improbables et fascinants dans certains quartiers, comme le Lower East Side par exemple.

J’ai aussi été très impressionné par la visite du dernier WholeFood (la chaîne de supermarché bio qui a une croissance à deux chiffres…) sur Houston Street. Le concept, la réalisation et la tenue du magasin sont incroyables. Et je connais un peu la partie…

La transition, le lendemain avec l’Upper Esat Side est pour moi toujours aussi impressionnante. J’ai toujours l’impression d’au moins changer de ville ! Le luxe de Madison semble devenir absolument paroxystique, le veste en fourrure à 40 000 Euros étant ma foi presque la normale.

Et pour le paroxystique du paroxystique, le cœur de l’attracteur étrange de la transition entre l’ère industrie - commerce et l’ère création - communication, il faut voir l’Apple store ou le magasin Abercrombie & Fitch sur la Cinquième avenue. L’Apple Store avec son entrée en forme de cube entièrement en verre donnant accès à un lieu exclusivement en sous-sol et sans autre signe distinctif qu’une immense pomme blanche au sommet du cube géant ! Comme une nouvelle étoile, signe quasi-religieux de ralliement d’une tribu si nombreuse qu’elle doit être canalisée dans de longues files...

La Cinquième avenue est une des plus chère au monde et la recherche de la plus belle, la plus grande et la plus étonnante vitrine est un must pour les enseignes qui y ont un magasin. Et bien Abercrombie & Ficth eux, ont tout simplement supprimé leur vitrine en l’occultant sur trois étages avec des volets fermés ! L’entrée, elle aussi canalisée tant la foule est importante, est gardée par deux mannequins masculins de 20-25 ans ! Et comme tous les vendeurs du magasins (eux aussi de toute évidences plus sélectionnés pour leur physique que pour leur MBA) sont torse nu lorsque la météo le permet… et sont en tongues, même lorsque la météo ne le permet pas. Une fois à l’intérieur du magasin, le décor, l’éclairage – qui ne permet certainement pas de voir ce que l’on achète- et la musique qui interdit toute forme de conversation sont bien ceux d’une boite de nuit à la mode ! Au fait, pour ceux qu’ils ne le savent pas encore, Abercombie & Ficth vend essentiellement des T-shirts et des jeans… La visite du flagship store de Zara à proximité est cruelle et parait d’un autre age…

La visite des hôtels comme le Hotel on Rivington ou le Grammercy Park Hotel rappelle que l’on n’achète plus une nuit d’hôtel pour avoir un lit et une salle de bain mais plutôt un concept, un design, une inspiration, ou l’appartenance à une tribu, une expérience… Le Rivington est par ailleurs une présence complètement fractale au milieu du nouveau quartier du Lower East Side

Et pour se convaincre de l’avance de certaines enseigne vers le Bon, le Vrai, et le Beau, il faut visiter ABC Carpet & Home, immense magasin de décoration où les meubles (eco-friendly bien sûr)et autres accessoires ne sont pas exposés mais réellement mis en scène. Tout comme chez Environment Furnitture autre exemple de l’émergence du Beau, du Vrai et du Beau. Leur devise : design with nature.

Et enfin pour le dernier soir, une visite du quartier Meat Packing District où j’ai passé quelques nuits bien déjantées il y a 20 ans. Je crois que cette fois le quartier a presque fini sa Disneylandisation : entre Pastis, restaurant réplique artificielle d’une brasserie française et le déferlement de boutiques d’ultra luxe d’Alexander MacQuenn à Stela Mac Cartney… Sans parler du restaurant Buddhakan, qui fait passer le Bouddha bar parisien pour un petit restaurant de quartier avec son desk d’accueil et ses 10 hôtesses alignées qui vous attendent… Et bien sûr la salle de 20 m sous plafond…

En résumé, la fractalisation du monde suit son cours :

  • un magasin de jeans est un peu une boite de nuit
  • un magasin d’appareil électronique est un lieu de culte
  • les hôtels branchés ne s’installent plus dans les beaux quartiers mais dans les quartiers pas encore rénovés
  • un magasin où les meubles sont mise en scène comme dans un décor de théâtre ou de cinéma
  • le quartier le plus mal famé de New York et devenu le lieu d’implantation des plus grandes marques
  • les restaurants sont des musées-disneyland

A bientôt pour la suite de mes notes de voyages dans les pays asiatiques…

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