mercredi 10 décembre 2008

Education conceptuelle occidentale ou apprentissage pratique asiatique : vers une intégration fractale ?

L’approche de l’enseignement présente des différences entre l’occident et l’Asie. Ainsi, si l’approche occidentale est très conceptuelle, déductive, l’approche asiatique est plus pragmatique, inductive.

Il faudrait bien sûr nuancer selon les matières enseignées, les différentes traditions ou l’âge de l’élève ou de l’étudiant.

Toutefois, plus on se rapproche de l'excellence en occident aujourd'hui, plus on se rapproche du conceptuel. Ainsi, le maitre explique. Et le meilleur maitre est celui qui explique bien. De même le meilleur élève est celui qui comprend le mieux. L'excellence est déduite.

A l’inverse, les plus grands maitres chinois (lire par exemple Fabienne Verdier dans Passagère du silence) ou japonais (lire par exemple Le Zen dans l'art chevaleresque du tir à l'arc) sont ceux qui savent faire répéter le bon geste. Ils font émerger l'excellence dans la répétition effectuée par l’élève. Et le bon élève est celui qui sait ne pas chercher à comprendre et sait s’abandonner dans la pratique du rituel. L'excellence est induite.

Ces deux approches sont en fait très liées à deux visions du temps très différentes : linéaire ou cyclique.

Ainsi, dans une vision linéaire, typiquement occidentale, ce qui compte c'est le but. Et pour l'atteindre il faut d'abord comprendre où on va. L'atteinte de son objectif est déduite de la bonne compréhension de la situation.

Dans une vision du temps cyclique, circulaire, typiquement asiatique, ce qui compte c'est la forme, le processus. Si on suit les bons rituels, les bons protocoles, on atteindra son but... même si on ne le connait pas au départ ! La bonne pratique va induire le meilleur résultat.

Un enseignement intégral sait organiser les étapes d'apprentissage répétitif et de compréhension conceptuelle. Des enseignements de ce type, plus inductifs, moins normatifs et qui savent faire émerger les qualités des élèves, existent et ont fait leur preuve depuis de nombreuses années (Auroville, Sri Aurobindo, Steiner, etc.)

On peut réfléchir à pousser encore plus loin cette intégration de manière fractale en trouvant des moyens d'intégrer de la compréhension dans l'apprentissage répétitif et en sachant introduire du répétitif dans la compréhension et le déductif.

Les moyens technologiques dont nous disposons sont surement des voies à explorer pour mieux approfondir et diffuser ces approches éducatives intégrales et fractales. Par exemples, les jeux vidéo, ou les jeux massivement en lignes, le serious gaming, paraissent pouvoir être des moyens d'enseignement intégral et fractal particulièrement intéressant...