mardi 10 avril 2007

Faut-il croire aux sondages ?

Hola de la Patagonia !

Un peu d’actualité… Cette période d’élections nous abreuve de sondages. Sondages qui sont à la fois quotidiens… et quotidiennement remis en cause. Sont-ils capable de prévoir les résultats des élections ? Même si les sondeurs eux-mêmes, et les journalistes parfois, rappellent qu’ils ne sont qu’une photographie instantanée, ils sont néanmoins utilisés par les analystes politiques et le tout un chacun comme une information quant aux futurs résultats des élections. Deux questions se posent donc : les sondages nous donnent-il effectivement une information précise sur les résultats des élections, et, sont-ils vraiment une photo instantanée de l’opinion publique ?

Les réponses à ces questions sont non, et non.

Les sondeurs eux-mêmes ne cherchent plus à prétendre que les sondages sont des outils de prévisions et le simple rappel des faits est sans appel : selon les sondages, Edouard Balladur aurait du être élu en 1995 et aucun d’entre eux n’avait prévu la présence de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour en 2002.

De plus, les sondages, s’ils peuvent apporter des informations sur les opinions des sondés et leur évolutions dans le temps, ne sont certainement pas non plus une image fidèle, une photographie de l’opinion publique, si tant est qu’une telle chose existe.

La raison en est simple : les sondages se basent pour l’essentiel sur des projections linéaires et/ou temporelles :
  • si tant de personnes parmi l’échantillon des sondés se comportent ainsi, alors x % de la population se comportera ainsi.
  • si par le passé les échantillons de sondés ont donné telle ou telle information sur la population globale, nous pouvons refaire aujourd’hui les mêmes hypothèses, voire apporter les corrections souhaitables aux résultats actuels pour tenir compte du passé.
Mais justement, tout cela ne peut plus fonctionner ! Comme nous avons commencé à le voir, le monde n’est plus linéaire, il est devenu chaotique, il est devenu fractal. Et là aussi, on en trouve plusieurs exemples :
  • le choix même des échantillons de sondés pose problème. Comment projeter des résultats obtenu avec des échantillons de personnes tels qu’ils étaient fait par le passé alors que près de 20% de personnes n’ont plus de téléphone fixe (les sondés le sont par téléphone fixe), surtout parmi les plus jeunes électeurs ?
  • on voit apparaître ce que l’on pourrait comparer à des boucles de rétroaction positives avec des sondés qui choisissent leur réponse en fonction de leur volonté de manipulation du résultat du sondage…
  • et que penser du phénomène de l’influence de l’observateur sur l’observé ? Ainsi du choix des sondeurs de faire des sondages sur des éventuels scénarios de deuxièmes tours aux élections présidentielles avec des candidats qui ne doivent pas passer l’étape du premier tour d’après leurs propres sondages !
Les sondages ne sont pas pour autant inutiles. C’est leur utilisation qui est abusive.

Aujourd’hui, dans un monde non linéaire, qui est devenu fractal, les sondages sont même peut-être plus utiles que jamais. Mais les probabilités et les statistiques, doivent être maintenant articulées avec la théorie du chaos. Alors, les sondages pourront permettent deux choses essentielles pour la compréhension et la bonne vision d’un monde fractal :
  • ils permettent de suivre les évolutions dans le temps.
    Aux mêmes questions, quelles sont les réponses apportées par le même type d’échantillon de personnes à des époques différentes.
  • ils sont une aide indispensable à l’établissement de différents scénarios possibles.
    Plutôt que prédire une, et une seule, éventuelle réalité future, à savoir la plus probable, ils permettent de travailler sur les différentes émergences possibles.
En effet, dans un monde linéaire, on peut faire des projections. Mais dans un monde fractal (voir article du 31 janvier 2007), on fait des scénarios, on essaie de voir les différents chemins possibles. Voir ces scénarios, c’est comme essayer de voir les images fractales émerger de ce qui semble être le chaos, être capable de voir l’ordre dans le désordre.

Il serait ainsi dommage de jeter le bébé avec l’eau du bain ! Nous avons plus que jamais besoin d’outils d’analyse et de projection. Nous avons besoin de l’intégration des sciences de la probabilité et des sciences du chaos pour les méthodes de sondages, comme c’est déjà le cas dans les domaines de la météorologie et financiers par exemple.
Sachons donc utiliser les sondages pour ce qu’ils peuvent nous apporter… et un peu moins pour les discussions de café de commerce et autre course au meilleur candidat !

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