dimanche 4 février 2007

Asie-Occident : des indices pour comprendre un monde fractal ?

Les pensées occidentales et asiatiques présentent de nombreuses différences, voire des oppositions.

- Dualité / Non-dualité

Une des caractéristiques essentielles de la vision occidentale du monde est la dualité. Une chose est vraie ou fausse, blanche ou noire, pas les deux à la fois. Vous êtes chanteur ou acteur, homme politique ou humoriste, etc. Il est impossible d’être les deux. Vous ne pouvez pas être dans une certaine case et dans une autre case à la fois.

Les plus calés scientifiquement parmi vous savent que plus la science a évolué, plus elle s’est dirigée vers la non-dualité. Tout d’abord avec la lumière, qui est à la fois onde et particules, puis avec la non dualité omniprésente dans la mécanique quantique, de même que la non localité (visitez Wikipédia sur la mécanique quantique). Mais à part ces exceptions réservées à l’élite scientifique (1), le citoyen commun vit essentiellement avec une grille de lecture très ancrée dans la dualité.

Une des caractéristique essentielle de la vision asiatique est la non-dualité - le Ying et le Yang (visitez Wikipédia sur le Yin & Yang). Le monde est non dualiste – moniste - une chose peut être vraie et fausse.

Pour illustrer la non dualité, quel meilleur exemple que le terme « économie socialiste de marché » utilisé par les Chinois ? Ou encore, le concept de vacuité du Bouddhisme que je résume grossièrement : tout vient du vide… donc le vide est plein !

- Permanence / Impermanence

Nous vivons en occident dans un monde de permanence : une chose vraie aujourd’hui le sera également demain… et dans vingt milliard d’années.

Par contre, pour le bouddhisme, qui influence une grande partie de l’Asie, tout est impermanence. Bouddha a dit : il n’existe rien de constant si ce n’est le changement.

Ainsi, lorsque Sa Sainteté le Dalaï-Lama est interrogé sur la réincarnation, il répond invariablement : voici les éléments en notre possession qui nous font croire à la réincarnation. Si vous avez d’autres éléments, ou un raisonnement déductif, qui prouve l’inexistence de la réincarnation, nous arrêterons d’y croire dès demain !

- Temps linéaire ou cyclique

La vision occidentale du temps est linéaire. Nous représentons le temps par une flèche.

La vision asiatiques du temps est circulaire, cyclique : après le printemps, l’été, après l’été, l’automne, après l’automne, l’hiver, etc.

A noter : les plus perspicaces d’entre vous auront remarqué que le temps linéaire, symbolisé par une droite, n’est jamais que le temps cyclique représenté par un cercle de rayon infini… J’y reviendrais dans un article sur la méthode fractale de résolution de problème.

- Monde téléologique ou morphologique

Cette différence de rapport au temps, linéaire ou cyclique, a également des conséquences sur notre manière de voir le monde.

Lorsque vous avez une vision du temps linéaire, l’important, c’est où vous allez, le but vers lequel vous vous dirigez. La fin justifie les moyens. Vous êtes dans un monde téléologique (du grec télos ou téléos : fin, but, et logos, discours).

Lorsque le temps est cyclique, ce qui compte ce n’est pas tant vous allez mais comment vous y allez. Si vous marchez correctement sur la bonne voie, tôt tard, vous atteindrez votre but. Les moyens ont les fins qu’ils méritent. Vous êtes dans un monde morphologique (du grec morphé ou morphos : la forme)

-La vérité ou la voie

C’est ainsi que les Occidentaux attachent une extrême importance à la vérité tandis que pour les asiatiques c’est la voie qui est importante.

Par exemple, si je dis à un français que je suis végétarien, sa première question sera « pourquoi ? » La recherche de la vérité… Notez qu’il peut aussi me demander si je suis végétarien, ou végétalien, etc. Il a besoin de savoir dans quelle case je suis. On retrouve la dualité,

L’intégration de la pensée asiatique et de la pensée occidentale (duale/non duale, permanente/impermanente, linéaire/cyclique, téléologique/morphologique, vérité/voie) ne peut pas se faire par opposition ou confrontation. Nous avons besoin de l’union de la vision occidentale et de la vision asiatique.

Cette union peut se faire avec une vision fractale, avec l’aide des sciences du chaos, l’ordre dans le désordre : une non dualité complexe. Notre vision du monde doit évoluer vers une dualité/non-dualité fractale, un Yin et Yang fractal.

(1) Plusieurs grands noms de la mécanique quantique se sont tournés à un moment ou un autre vers les formes de spiritualités asiatiques. Heisenberg, Bohr… et auparavant, Einstein a lui-même écrit plus de livres sur la spiritualité que sur des sujets scientifiques !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

on pourrait aussi opposer les "religions" extrême-asiatiques où le principe premier est immanent aux choses, et les religions monothéistes de l'"ouest" ou le principe premier (Dieu) est transcendant aux choses.
Mais cela ne revient-il pas au même ?
Ce qui est purement immanent aux choses et en toutes choses n'est-il pas nécessairement transcendant ? Il ne peut pas se confondre avec chaque chose en particulier. Et un Etre totalement transcendant a-t-il d'autres choix que d'être parfaitement immanent à sa création ? ou alors sa crétaion est en "dehors" de Lui, et Il n'est plus la totalité, l'Infini ....

Contrairement à ce que pensent beaucoup, il y a des ponts entre les pensées qui paraissent divergentes, et ces ponts existent depuis toujours.
Se plonger dans l'étude du soufisme en Islam par exemple (Ibn Arabi, Rumi, Hallaj, et tellement d'autres, dont le célèbre 'Abd el Qader qui a combattu la France au XIX° siècle : il était assi un soufi de la plus haute importance), de la Kabbale juive, ou chez certains mystiques chrétiens (en particulier Maîte Eckhart au XIV° s., ou Angélus Silésius).


Baruch

Anonyme a dit…

il y a dans les traditions dites "ésotériques" des religions monothéistes (soufisme, kabbale, certains courants de la mystique chrétienne) des pistes à ne pas manquer pour avoir une vision globale justement, qui unifient l'apparente opposition orient-occident.
René Guénon n'a cessé d'évoquer une "Tradition Primordiale" : l'idée est là : il y a une unité perdue, une langue commune à retrouver, encore visible sous certains symboles encore communs à toutes les traditions dont les formes se sont écartées de la source unique.

Baruch